LA PHILOSOPHIE JUCHE EST UNE PHILOSOPHIE REVOLUTIONNAIRE ORIGINALE

    

Déclaration publiée par le Kulloja,

    revue théorique du Comité central du Parti du travail de Corée

    Le 26 juillet 1996


    Récemment, on a signalé que certains de nos hommes de sciences sociales ont exprimé des vues erronées, contraires aux idées de notre Parti, dans l’interprétation de la philosophie Juche, vues qui se sont frayé un chemin à l’étranger aussi.

    Ils auraient interprété les principes fondamentaux de la philosophie Juche à la lumière de la loi universelle du dé-veloppement du monde matériel au lieu de chercher à éclaircir à cet effet la loi propre au mouvement social. Ils justifient cette position en disant vouloir présenter la philosophie Juche comme un nouveau développement du matérialisme dialectique marxiste. Or, nous n’avons pas besoin, pour diffuser la philo¬sophie Juche, d’essayer de persuader quiconque d’une telle idée. Il est certes vrai que notre Parti, loin de considérer le matéria¬lisme dialectique marxiste de façon dogmatique, l’a étudié et analysé du point de vue Juche, pouvant ainsi donner un nouvel éclaircissement sur de nombreux problèmes. Il n’en demeure pas moins que le développement apporté au matéria¬lisme et à la dialectique ne constitue pas le contenu essen¬tiel de la philosophie Juche.

    La philosophie Juche est une doctrine originale déve¬loppée et systématisée par ses propres principes. Son grand mérite dans l’évolution de l’histoire de la philosophie est d’avoir établi des principes philosophiques axés sur l’être humain, et non d’avoir développé le maté¬rialisme dialectique marxiste.

    La philosophie marxiste a posé les rapports entre la matière et la conscience, entre l’être et la pensée comme problème essentiel de la philosophie et a démontré la prééminence de la matière et de l’être; partant, elle a établi que le monde est constitué de matière, se transforme et se développe grâce au mouvement de la matière. La philosophie Juche, quant à elle, a posé comme problème fondamental de la philosophie le rapport entre le monde et l’être humain ainsi que la position et le rôle revenant à l’homme dans le monde; elle a déterminé le principe philosophique selon lequel l’homme est maître de tout et décide de tout, principe qui lui a servi de base pour éclairer la plus juste voie du modelage du destin de l’homme. Alors que la philosophie marxiste s’est donné comme tâche majeure de déterminer l’essence du monde matériel et la loi générale de son mouvement, la philosophie Juche se propose d’établir les carac¬téristiques essentielles de l’homme et la loi de son mouvement, c’est-à-dire du mouvement social. Comme on peut le constater, la philosophie Juche est une doctrine originale qui diffère fondamentalement de la philosophie marxiste par sa tâche et ses principes. Aussi, c’est une erreur que de la considérer comme représentant le prolongement du matérialisme dialec¬tique, d’essayer de démontrer son originalité et sa supériorité en engageant, d’une façon ou d’une autre, des discussions sur l’essence du monde matériel et la loi universelle de son mou¬vement établies par la philosophie marxiste. La philosophie Juche a établi des principes philosophiques nouveaux ; aussi est-il exclu de l’interpréter dans le cadre de la philosophie précédente. Une telle attitude ne pourrait que semer la confusion et empêcherait non seulement de démontrer son originalité, mais encore de comprendre exactement la substance de la philosophie Juche.

    La philosophie Juche a, pour la première fois dans l’his-toire, éclairci de façon scientifique les attributs essentiels de l’être humain; ensuite elle a trouvé en lui l’être supérieur et le plus puissant au monde et a proposé un nouveau point de vue sur le monde selon lequel l’homme domine et transforme le monde.

    La philosophie Juche avec sa nouvelle conception du monde n’est pas une négation de la conception matérialiste et dialectique du monde. Elle prend celle-ci comme prémisse. La notion nouvelle du monde selon laquelle l’homme domine et transforme le monde n’est concevable qu’à partir de l’interpré-tation matérialiste et dialectique de l’essence du monde maté-riel objectif et de la loi universelle de son mouvement. Si, comme le fait l’idéalisme, on considérait le monde comme mystérieux, on ne pourrait en conclure que l’homme a la capa-cité de dominer le monde; si, comme le veut la métaphysique, on concevait le monde comme immuable, on ne pourrait en tirer la conclusion que l’homme a le pouvoir de le modifier. L’idée que l’homme domine et transforme le monde n’est ac-ceptable que si l’on admet l’interprétation matérialiste et dia-lectique selon laquelle le monde est formé de ma¬tière et ne cesse de changer et de se développer. Malgré les limites et les imperfections du matérialisme et de la dialec¬tique marxistes, leurs principes fondamentaux relèvent d’une science et d’une vérité. C’est la raison pour laquelle nous affir¬mons que la philosophie Juche a comme prémisse la conception matérialiste et dialectique du monde.

    Que cette conception du monde soit la prémisse de la philosophie Juche ne veut pas dire que cette philosophie représente simplement le prolongement et le développement du matérialisme dialectique. S’il est exclu de penser connaître scientifiquement le monde et de pouvoir le transformer sans une connaissance matérialiste et dialectique du monde matériel objectif, il n’en faut pas moins reconnaître que le principe matérialiste « le monde n’est formé que de matière » et le principe dialectique « le monde ne cesse de changer et de se développer » ne mènent pas à eux seuls à la conclusion que l’homme occupe la position de maître dans le monde et joue un rôle décisif dans la transformation du monde. La position et le rôle exceptionnels de maître et de transformateur du monde dévolus à l’homme ne peuvent s’expliquer judicieu¬sement que si les caractéristiques essentielles de l’homme, celles qui le distinguent foncièrement des autres êtres matériels, sont mises en lumière. C’est la philosophie Juche qui a enfin déterminé scientifiquement les parti¬cularités essentielles de l’homme, être social pourvu de liberté, de créativité et de conscience, d’où découle le principe philosophique fondamental selon lequel l’homme occupe la position de maître dans le monde et joue un rôle décisif dans sa transformation.

    En élaborant une conception nouvelle de l’histoire sociale à la lumière du principe axé sur l’homme, la philosophie Juche a surmonté les limites de l’ancienne conception de l’his¬toire et apporté un changement radical aux vues que l’on portait sur l’histoire.

    La philosophie marxiste a appliqué à l’histoire la loi uni-verselle du développement du monde matériel, établissant ainsi une conception matérialiste et dialectique de l’histoire. Il va sans dire que nous ne nions pas le mérite historique revenant à la conception matérialiste de l’histoire. Cette conception a fait un apport important au combat contre la conception réaction¬naire et irrationnelle de l’histoire basée sur l’idéalisme et la métaphysique. D’ailleurs, il est vrai que la loi universelle du développement du monde matériel influence les phéno¬mènes sociaux, car l’homme vit dans le cadre du monde matériel objectif et que la société est intimement liée à la nature. Et pourtant on aura forcément une connaissance imparfaite de l’histoire si l’on applique mécaniquement la loi universelle du dévelop¬pement du monde matériel aux phénomènes sociaux sans penser qu’une loi propre au mouve-ment social intervient.

    Le mouvement social évolue et se développe en vertu de sa propre loi.

    Le mouvement social est celui de l’homme, être qui do¬mine et modifie le monde. L’homme se livre à des travaux de transformation de la nature afin de dominer et de modifier le monde matériel objectif. En transformant la nature, il produit des biens matériels et crée ses propres conditions de vie maté-rielle. Transformer la nature et créer des biens matériels a pour but de subvenir aux besoins sociaux, et ce n’est réalisable qu’au moyen de la collaboration sociale. L’homme cherche également à transformer la société afin d’améliorer et de perfectionner les rapports de collaboration sociale. C’est l’homme qui transforme la nature, c’est également l’homme qui trans¬forme la société. En se livrant à la transformation de la nature et de la société, il ne cesse de se transformer et de se développer lui-même. En définitive, la domination et la transformation du monde par l’homme s’ac¬complissent par la transformation de la nature, de la société et de l’homme, et les masses populaires en sont les responsables. Les masses popu-laires créent tous les biens matériels et culturels de la société et développent les rapports sociaux.

    Ayant comme force motrice les masses populaires, le mouvement social a ses particularités qui le distinguent du mouvement de la nature. Le mouvement social naît et se développe grâce à l’action et au rôle actifs des hommes alors que le mouvement de la nature se produit spontanément par suite de l’interaction des facteurs matériels objectifs. C’est pourquoi, si l’on ap¬plique mécaniquement à l’histoire les principes du maté¬rialisme dialectique qui a établi la loi universelle du développe¬ment du monde matériel, on ne peut élucider ni l’essence de la société ni la loi universelle du mouvement so¬cial. La principale limite du matérialisme historique est qu’il n’a pas mis en lumière la loi universelle propre au mouvement social et qu’il a développé les principes du mouvement so¬cial en tenant compte principalement du trait commun du mouvement de la nature et du mouvement social, tous deux mouvements matériels.

    Le matérialisme historique marxiste a divisé la société en être social et conscience sociale et a accordé une importance déterminante à l’être social dans les rapports entre eux; il a dé-composé la structure sociale en forces productives et rapports de production, en infrastructure et superstructure, et a accordé une im¬portance décisive à la production matérielle et aux rapports économiques. C’était le résultat de l’application mécanique à l’histoire de la société du principe matérialiste et dialectique selon lequel le monde est composé de matière, se transforme et se développe en vertu de la loi universelle du mouvement matériel. En appliquant dans le domaine socio-historique la loi universelle du monde matériel, les fondateurs du marxisme avaient en vue un monde dans lequel la nature, l’homme et la société ont pour trait commun leur matérialité. Si l’on applique à l’histoire la loi universelle du mouvement du monde matériel en considérant l’homme comme une partie du monde matériel, plutôt que comme un être social doué de liberté, de créativité et de conscience, on en viendra forcément à identifier le mouvement socio-historique au processus d’évolu¬tion de la nature.

    Il est certes vrai que la société se transforme et se déve-loppe en vertu de certaines lois, et non pas selon le bon vouloir de l’homme. Cependant, les lois de la société agissent de façon tout à fait différente de celles de la nature. Alors que, dans la nature, les lois interviennent spontanément, sans dépendre de l’action de l’homme, dans la société les lois interviennent à travers l’activité souveraine, créatrice et consciente de l’homme. Parmi les lois de la société, certaines agissent dans toutes les sociétés sans distinction de régime, d’autres n’inter-viennent que dans un régime déterminé. Toutes les lois de la société opérant par l’intermédiaire de l’homme, elles peuvent, selon l’action de l’homme, ou bien opérer sans à-coups ou bien être réprimées ou limitées.

    Que les lois de la société interviennent par l’intermédiaire de l’homme ne signifie pas qu’elles sont sans caractère objectif ou que la spontanéité est exclue du mouvement social. Si des conditions socio-économiques déter¬minées sont réunies, les lois correspondantes de la société entrent inéluc¬tablement en jeu, par conséquent elles revêtent un caractère objectif comme les lois de la nature. S’il est question de spontanéité dans le mouvement social, c’est que le sens de la liberté, la créativité et la conscience de l’homme sont relativement peu élevés et qu’un régime capable de les mettre suffisamment en valeur n’a pas été mis en place. Au fur et à mesure que le sens de la liberté, la créativité et la conscience de l’homme augmentent et si le régime nécessaire pour les libérer est instauré, l’homme sera en mesure d’agir conformément aux lois objectives, et le rayon d’action de la spontanéité se réduira. Le développement de la société est un processus de développement du sens de la liberté, de la créativité et de la conscience des masses popu-laires; plus ces attributs se développent et le régime se perfec-tionne en accord avec leur volonté, plus la société se dévelop-pera grâce aux activités conscientes des masses populaires. Cela signifie qu’entre en jeu sur tous les plans la loi du mouve-ment social qui évolue grâce à l’action et au rôle positifs des hommes.

    Les fondateurs du marxisme ont appliqué à l’histoire de la société la loi universelle du développement du monde matériel pour élaborer la conception matérialiste et dialectique de l’histoire, mais ils ont rencontré dans la réalité du mouvement so¬cial de nombreux problèmes que la loi universelle du monde matériel ne suffisait pas à résoudre. C’est pourquoi ils ont pro-posé certaines théories, notamment celle de la réaction de la conscience sociale aux con¬ditions matérielles et économiques qui l’ont engendrée et celle de la réaction de la politique à l’économie qui l’a déterminée. Ils ont tenté ainsi de surmonter le caractère unilatéral de la conception matéria¬liste et dialectique de l’histoire. Et toutefois la conception ma¬térialiste marxiste de l’histoire est restée marquée par l’impor¬tance essentielle qu’elle accorde aux traits communs du mou¬vement de la nature et du mouvement social, et la théorie qu’elle a engendrée ne pouvait que souffrir d’une limite en identifiant le développement de la société à l’évolution de la nature.

    La différence fondamentale entre la philosophie Juche et la philosophie marxiste tire son origine de l’interprétation différente de l’homme.

    La philosophie marxiste a défini l’homme comme un en-semble de rapports sociaux, sans parvenir pourtant à élucider les particularités de cet être vivant en société. Si cette doctrine a développé les principes du mouvement social, en les axant sur la loi universelle du développement du monde matériel, c’est qu’elle n’a pas mis au jour les traits caractéristiques es-sentiels de l’être humain. C’est la philosophie Juche qui a parfaitement éclairci ce problème.

    Comme il est indiqué dans les documents de notre Parti, l’homme est un être social doué de liberté, de créativité et de conscience; et personne n’émet d’objection à ce sujet. Cepen-dant, certains hommes de sciences sociales continuent à dé-battre à tort la question de savoir comment l’homme a pu devenir un être social doué de liberté, de créativité et de conscience. Ils considèrent encore les caractéristiques essentielles de l’homme par rapport à son niveau de développement d’être matériel et préconisent qu’on cherche l’origine de sa liberté, de sa créativité et de sa conscience dans la diversité des composantes de la matière et la complexité de la structure de leur combi¬naison. C’est, à vrai dire, une vue qui considère les carac¬téristiques essentielles de l’homme comme une évolution de sa nature biologique, comme son développement et son perfection¬nement. Quand il s’agit de l’homme comme organisme vivant, on peut le comparer à d’autres matières vivantes et discuter des particularités de ses composantes biologiques et de sa structure. Or, l’homme dont il est question dans la philosophie Juche n’est pas seulement un être organique hautement évolué, mais aussi vivant et agissant, doué de liberté, de créativité et de conscience, qualités dont sont dépourvus tous les autres êtres vivants. L’origine de ces trois spécificités, il faut la chercher, non pas dans le dévelop¬pement de ses traits communs avec d’autres êtres matériels, mais dans ses traits spécifiques, que ne peut avoir aucun autre être matériel. C’est parce qu’il vit et agit en société au milieu des rapports sociaux que l’homme a pu acquérir la liberté, la créativité et la conscience. Ces attributs so¬ciaux se sont formés et se développent au cours du processus historique où l’homme agit au milieu des rapports sociaux. Certes, ces caractéristiques sont impensables sans un orga¬nisme hautement développé. Ayant un tel organisme, l’homme peut être considéré comme l’achèvement suprême de l’évo¬lution et l’être matériel le plus développé. Pourtant, quelque développé que soit son organisme, si l’homme n’avait pas vécu et agi en collectivité sociale et dans les rapports sociaux, il ne serait jamais parvenu à devenir un être in¬dépendant, créateur et conscient. Sans vie, l’homme ne peut bénéficier de l’intégrité socio-politique, mais la vie ne peut ja¬mais donner elle-même naissance à l’intégrité socio-politique. De même, la liberté, la créativité et la conscience sont impensables sans l’orga¬nisme développé de l’homme, mais ses particularités biologiques n’en¬gendrent pas elles-mêmes ces attributs sociaux. Les caractéristiques sociales de l’homme n’ont pu se former et se développer qu’à travers l’apparition et le développement de l’être social qu’il est, c’est-à-dire à travers le dévelop¬pement historique de ses activités et de ses rapports sociaux. Que l’histoire du développement de la société équivaille à l’histoire du développement de la liberté, de la créativité et de la conscience de l’homme signifie que ces caractéristiques de l’homme sont des attributs qui se sont formés et déve¬loppés au cours de l’histoire de la société. Aussi, pour étudier l’homme en philo¬sophie, faut-il toujours le considérer en tant qu’être social.

    Que certains de nos hommes de sciences sociales soulèvent des discus¬sions sur les composantes de la matière et sur la structure de leur combinaison qu’ils lient aux caractéristiques essentielles de l’homme et laissent entendre qu’il s’agit d’une partie importante de la philosophie Juche est une expression du déviationnisme tendant à assujettir la philosophie Juche au moule du matérialisme dialectique marxiste pour l’interpréter; ce n’est qu’une tentative de justifier la vue évolutionniste erronée qui considère les caractéristiques essentielles de l’homme comme le résultat du développement et du perfec-tionnement de ses attributs biologiques.

    Il importe de se faire une notion juste de l’être social quand il s’agit des caractéristiques essentielles de l’homme. Les fon-dateurs du marxisme ont étudié l’essence de l’homme dans les rapports sociaux, mais ils ont attaché le terme d’être social aux notions des conditions matérielles de la vie sociale et des rap-ports économiques qui existent objectivement et se reflètent dans la conscience sociale. Certes, étant donné qu’ils considé-raient l’homme comme une composante des forces productives et comme un ensemble de rapports sociaux, l’être social dont ils parlaient comprenait également l’homme. Cependant, ils n’ont pas employé le terme d’être social comme le terme dé¬terminant les particularités essentielles de l’homme.

    En mettant en forme la philosophie Juche, nous avons employé le terme d’être social dans un sens particulier en le considérant comme devant déterminer les caractéristiques es-sentielles de l’homme. Selon les principes de cette philoso¬phie, l’homme est le seul être social au monde. Or, certains hommes de sciences sociales préconisent encore qu’on inclue dans la notion d’être social les richesses et les rapports so¬ciaux, ce qui estompe la différence entre l’homme, les ri¬chesses et les rapports sociaux. Les richesses et les rapports so¬ciaux se créent et se développent grâce à l’homme, aussi est-il impensable de les inclure dans la notion définissant les particu¬larités de l’homme. Certes, on peut employer le terme d’être social au sens attribué par les fondateurs de la philosophie marxiste quand on parle de cette philosophie. Cependant, si l’on interprète le terme d’être social au sens ancien, alors qu’on parle de la philosophie Juche, on jettera la confusion sur les caractéristiques essentielles de l’homme. La philosophie Juche étant une philosophie nouvelle ayant son propre système et son propre contenu, il faut se garder d’interpréter sa terminologie selon le sens ancien.

    Une des causes principales des déviations commises par certains hommes de sciences sociales dans l’explication de cette philosophie est qu’ils n’ont pas tenu compte des im-pératifs de la pratique révolutionnaire dans leurs recherches philosophiques.

    La théorie doit reposer sur la pratique et la servir. Une théorie séparée de la pratique est incapable de faire la lu¬mière sur la vérité ; elle ne vaut rien.

    Le Président Kim Il Sung a toujours tenu compte des exigences de la pratique révolutionnaire dans ses recherches philosophiques; c’est en donnant des éclaircisse¬ments scientifiques sur les problèmes pressants d’ordre idéolo¬gique et théorique soulevés par la pratique de la révolution qu’il a donné le jour à la philosophie Juche. Et notre Parti, en généralisant les données expérimentales riches et profondes fournies par la pratique de la révolution, a mis en forme systématiquement et sur tous les plans la philosophie Juche et l’a développée encore.

    La pratique révolutionnaire est une lutte pour l’émancipa-tion des masses populaires, qui en sont directement chargées; aussi l’important dans les recherches philosophiques est-il de refléter fidèlement leurs revendications et leurs aspirations, de généraliser les données expérimentales fournies par leur lutte pour développer la théorie, et de les amener à la faire leur. Dans la so¬ciété basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme, la classe dominante réactionnaire cherche, en tirant profit de la philosophie pour défendre et justifier le régime de domination réactionnaire, à en faire l’apanage des philosophes représentant ses intérêts; du reste, elle considère les masses populaires comme des ignorants qui n’ont rien à voir avec la philosophie et qui sont même incapables de la comprendre.

    Voyant dans les masses populaires les maîtres de tout et les êtres les plus intelligents, notre Parti a mis au point la philoso-phie Juche et l’a développée en reflétant leurs besoins et leurs aspirations et en généralisant les données expérimentales tirées de leur lutte, et en a fait leur arme. Voilà pourquoi cette philosophie est une vérité absolue répon¬dant aux revendications et aspirations souveraines des masses populaires ; voilà pourquoi c’est une philosophie populaire, facile à comprendre pour elles et leur servant d’arme dans leur lutte.

    Or, certains hommes de sciences sociales s’adonnent à des discussions qui n’ont presque rien à voir sur le plan pratique avec le problème du destin des masses populaires. Le but de nos études philosophiques est de trouver les prin¬cipes et les méthodes à appliquer pour développer la société et façonner le destin des masses populaires. C’est la politique qui oriente le développement de la société, et c’est la philosophie Juche qui élucide les principes fondamentaux de la plus juste politique qui soit pour le développement de la société. La philosophie Juche est dans ce sens, peut-on dire, une philo¬sophie politique.

    J’ai appris que certains hommes de sciences sociales présentent la philosophie Juche comme le développement du matérialisme dialectique marxiste afin de s’adapter aux néces-sités particulières de la diffusion des idées du Juche à l’exté-rieur; il convient de bien faire comprendre que c’est une philo-sophie nouvelle à caractère révolutionnaire, et d’éviter de dif-fuser l’idée qu’il s’agit simplement d’un développement de la philosophie marxiste. Il est faux autant de chercher, sous prétexte de respecter les particularités de l’information à l’étranger, à assujettir la philosophie Juche au moule de la philosophie marxiste dans son explication que d’assimiler à la philosophie Juche des éléments hétérogènes, en perdant de vue ses principes fondamentaux. A l’heure actuelle, on voit se poser à l’échelle mondiale une foule de questions pressantes d’ordre théorique et pratique qui attendent une réponse perti-nente basée sur les principes de la philosophie Juche. Pourquoi méconnaître alors ces problèmes dans l’information ex¬térieure et discuter de problèmes dépourvus d’importance poli¬tique et de signification théorique et pratique apparente? Au niveau de la diffusion des idées du Juche à l’extérieur, il convient d’expliquer judicieusement en liaison avec les ques¬tions d’actualité que la philosophie Juche est tout à fait originale, une doctrine révolutionnaire nouvelle. Il ne faut plus que des déviations se manifestent non seulement au niveau de l’infor-mation extérieure, mais aussi dans la recherche, l’étude et l’enseignement de la philosophie Juche.

    La philosophie Juche met en lumière la base philo¬sophique des idées du Juche, idéologie directrice de notre Parti, ainsi que les principes fondamentaux de la révolution: c’est la philosophie révolutionnaire, la philosophie politique de notre Parti. L’attitude à l’égard de la philosophie Juche ne concerne pas simplement une théorie philosophique, mais se rapporte au point de vue et à l’attitude à l’égard des idées du Parti. Il convient d’accepter les idées du Parti comme des vérités indiscutables, de les défendre jalousement et d’en faire sa foi révolutionnaire pour com¬prendre exactement la philosophie Juche, l’interpréter à juste titre et l’expliquer avec compétence.

    Nous devons tirer une grande fierté de la philosophie Juche, philosophie politique dont nous disposons, et d’assimiler à fond ses principes pour les appliquer parfaitement dans la révolution et le développement du pays. Nous devons nous appuyer strictement sur les principes de la philosophie Juche dans l’analyse et l’appréciation de tous les faits sociaux et nous conformer à ses exigences pour regrouper étroitement les masses populaires autour du Parti et redyna¬miser le rôle joué par la force motrice pour impulser énergiquement la révolution et le développement du pays.

    Si la philosophie Juche est celle que nos chercheurs et notre peuple doivent étudier et prendre pour guide, ils n’en doi¬vent pas moins connaître les idées philosophiques du marxisme-léninisme. C’est surtout le cas pour les hommes de sciences sociales. Dans l’étude de cette philosophie, il est im¬portant de discerner les limites et les immaturités à côté des aspects progressistes et positifs. Il faut connaître non seulement les mérites historiques de la philosophie marxiste, mais également ses limites dues à son époque et l’imma¬turité de ses idées et de ses théories si l’on veut éviter de traiter dans un esprit dogma-tique cette théorie et reconnaître en profondeur l’originalité et la valeur de la philosophie Juche. Les hommes de sciences sociales assimileront la phi¬losophie Juche, puis veilleront, guidés par ses principes, à se faire une idée claire des limites et des immaturités de la phi¬losophie marxiste par rapport à ses mérites.

    Parallèlement, il faut se prémunir strictement contre tous les courants philosophiques hétérogènes contraires à la philosophie Juche et préserver celle-ci dans toute sa pu¬reté. La philosophie Juche possède une valeur et une vitalité supérieures, car elle reflète les exigences de la pratique de la révolution et que sa vérité et sa justesse ont été confirmées. Aujourd’hui, l’intérêt croissant qu’elle suscite et le grossisse-ment des rangs de ses partisans sur la scène internationale prouvent qu’elle donne la réponse la plus perti¬nente à la pratique de la révolution. Nos hommes de sciences sociales doivent analyser et apprécier toutes les théories philosophiques à la lumière de la philo¬sophie Juche, convaincus de la scientificité, de la vérité, de l’originalité et de la supériorité de cette philosophie, pour empêcher le moindre courant d’idées hétérogènes d’imprégner la philosophie Juche.

    Tous nos hommes de sciences sociales sont conviés à étu-dier et à expliquer en longueur et en profondeur la philosophie Juche comme le veut notre Parti, mettant ainsi en évidence sa grandeur et rehaussant sa force d’inspiration.